La Perdrix et les Coqs

 

Parmi de certains Coqs, incivils, peu galants,
Toujours en noise, et turbulents,
Une Perdrix était nourrie.
Son sexe, et l’hospitalité,
De la part de ces Coqs, peuple à l’amour porté
Lui faisaient espérer beaucoup d’honnêteté :
Ils feraient les honneurs de la ménagerie.
Ce peuple cependant, fort souvent en furie,
Pour la dame étrangère ayant peu de respect,
Lui donnait fort souvent d’horribles coups de bec.
D’abord elle en fut affligée ;
Mais, sitôt qu’elle eut vu cette troupe enragée
S’entre-battre elle-même et se percer les flancs,
Elle se consola. « Ce sont leurs moeurs, dit-elle ;
Ne les accusons point, plaignons plutôt ces gens :
Jupiter sur un seul modèle
N’a pas formé tous les esprits ;
Il est des naturels de coqs et de perdrix.
S’il dépendait de moi, je passerais ma vie
En plus honnête compagnie.
Le maître de ces lieux en ordonne autrement ;
Il nous prend avec des tonnelles,
Nous loge avec des coqs, et nous coupe les ailes :
C’est de l’homme qu’il faut se plaindre seulement.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *